Alors
que l'on attendait un véritable impôt taxant les grandes fortunes
afin de contribuer à la réduction des inégalités
sociales, ... les requins s'étaient transformés en défenseurs
de l'Art, ainsi les intermédiaires du marché de l'Art et leurs
pauvres acheteurs allèrent pleurer que cet impôt tuerait la création
dans l'oeuf..., et un amendement de dernière heure amputa l'impôt
de recettes importantes... afin de protéger les français les
plus fortunés, c'est-à-dire ceux qui possédent l'essentiel
des oeuvres d'art, comme le rappelle le rapport Méraud.
Sans nul doute que les smicards et chômeurs
ont dû apprécier cette mesure sociale, sans oublier les artistes
qui ont vu les requins de l'art parlés en leur nom et pour leur plus
grand bien... paraît-il. Enfin, l'important est que les prédateurs
aient pu trouver des oreilles compréhensives pour leur donner raison.
Après l'anti-réforme qui institue
l'exonération sur les oeuvres d'art, il serait indispensable d'étudier
la mise en oeuvre dans un proche avenir de deux réformes conjointes
et concernant directement les artistes : le droit de suite et le droit d'auteur.
Le droit de suite
Actuellement, le système du droit
de suite en France ne concerne que 4.500 artistes et uniquement en vente publique.
Il est donc nécessaire de l'étendre à un nombre plus
grand d'artistes et surtout à le faire appliquer dans les ventes privées.
Le taux de 10 % serait souhaitable (taux d'ailleurs
conseillé par la Commission des Communautés Européennes).
Calculé sur la plus-value réelle, payé à l'auteur
par le vendeur bénéficiaire de la plus-value sur la base de
la vente précédante, en prenant compte des fluctuations monétaires,
il s'appliquerait sur toute mutation intervenue après la première
vente réalisée par l'artiste (ventes, donations, héritages).
L'extension du droit de suite n'aura d'efficacité
qu'à la condition d'être véritablement effectif dans toutes
les galeries, les ventes y étant plus nombreuses et y concernant plus
d'artistes. L'application de telles mesures étant délicate,
une étape intermédiaire envisageable consisterait à y
inclure uniquement les artistes inscrits à la Maison des Artistes,
et ensuite les artistes non-inscrits comme tels (sans prolonger l'étape
intermédiaire plus de deux ans).
Le montant du seuil d'application du taux devrait
être étudié en concertation avec les artistes en tenant
compte de l'érosion monétaire et en prenant soin de ne pas le
fixer trop haut ce qui aurait pour conséquence d'exclure du droit de
suite un grand nombre d'artistes.
Le point le plus problématique est sans
nul doute le contrôle de l'artiste sur les prix réels sur lesquels
se basent les vendeurs pour lui verser son pourcentage sur la plus-value.
Il est donc nécessaire que les artistes eux-mêmes, aidés
du législateur, imposent à leurs clients un système qui
comporterait une obligation de justifier du montant de toute transaction intervenue
après la première vente réalisée par l'artiste.
Ce système pourrait inclure une sorte de carte d'identité pour
chaque oeuvre.
«
Huit heures
pour les Arts Plastiques »
Etats Généraux
des Arts Plastiques
21
novembre 1981
© Textes Michel Kisinis
Mémoire
sur le droit de suite
et les droits d'auteur
Novembre 1981